L’opinion pub…

Par Docteur Belkassem Amenzou
Les politiques, les médias et l’opinion publique interagissent dans un jeu triangulaire complexe. C’est un fait sur lequel les chercheurs ont fondé des théories qui se complètent dans certains cas et qui se contredisent même dans d’autres. Mais dans tous les contextes de pertinence invoqués, l’opinion publique est toujours au centre des préoccupations des politiques et des médias.
Dans un contexte électoral, par exemple, pourrait-on parler d’une opinion publique ? Y-a-t-il une instantanéité expressive du présent ? Du factuel ? Et comment se comportent les politiques pour toucher cette opinion publique, la convaincre et la séduire ? Un flux de questions, aussi crues les unes que les autres, se pose et s’impose dans ce registre.
D’emblée, ce constat. Des médias préfèrent dans la plupart des cas se référer aux réseaux sociaux ou encore à la société civile pour véhiculer les préoccupations de ce que devrait être «l’opinion publique».
Les autorités compétentes procèdent de la même sorte quand elles réagissent à des informations fortement échangées sur les réseaux sociaux ou à des actions menées par des acteurs de la société civile.
On n’évoque pas la question d’opinion publique. Lors des campagnes électorales, l’électeur est considéré comme un simple client. Et des pratiques qui interpellent se sont développées dans ce sens aggravant les choses.
Des «courtiers», qui se bousculent au portillon des «phénomènes électoraux», parlent de nombre de «têtes» à rouler en leur faveur dans telle ou telle zone de la circonscription. Et pratiquement dans toutes les circonscriptions, ils se présentent comme des clés d’accès aux électeurs qu’ils induisent en erreur par de fausses promesses sans écarter l’exploitation de l’ignorance et de la pauvreté de certains d’entre eux.
Voilà comment se fait le jeu électoral dans plusieurs cas et dans plusieurs circonscriptions. Où est l’opinion publique ? A-t-elle été touchée ? A-t-elle été séduite ? Indubitablement, elle ne l’a pas été. Et elle s’exprime par son silence, par son abstention le jour du scrutin.
Sur la Toile, certains médias digitaux recourent aujourd’hui à la même manipulation pour rouler les annonceurs et autres. Ils œuvrent et manœuvrent pour recueillir un nombre record de «clics» via des vidéos montées, truquées, manipulées ou carrément pornographiques pour se vanter que l’opinion publique s’intéresse à leur contenu informatif.
Un tel nombre de visiteurs pourrait-il refléter le même nombre de lecteurs. Des «clics rebots» font l’affaire. Dans ce registre également, l’opinion publique a-t-elle été mesurée ? Assurément, non. Au lieu de l’opinion publique, il faut dire que c’est une «opinion» formulée pour la publicité. Opinion pub… Sur la Toile comme sur le terrain, la question de l’opinion publique demeure donc posée.
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