IA dans les universités : l’UNESCO insiste sur une utilisation « conforme à l’éthique et centrée sur l’humain »

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a souligné l’urgence d’établir des cadres « clairs et concrets » pour que l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les établissements d’enseignement supérieur « reste conforme à l’éthique et centrée sur l’humain ».

Cet appel intervient à l’occasion de la publication cette semaine d’une nouvelle enquête mondiale de l’institution onusienne révélant que près de deux tiers des établissements d’enseignement supérieur accueillant une Chaire UNESCO ou faisant partie d’un réseau UNITWIN (initiatives visant à renforcer de la coopération interuniversitaire) ont déjà des lignes directrices sur l’utilisation de l’intelligence artificielle ou sont en train d’en élaborer.

Ce foisonnement de lignes directrices institutionnelles s’inscrit dans un contexte où les universités du monde entier sont aux prises avec les possibilités et les risques présentés par l’intégration de l’IA dans l’enseignement, la recherche et la vie universitaire, relève l’UNESCO en présentation de son enquête, publiée dans le cadre de la Semaine de l’apprentissage numérique de l’UNESCO (du 2 au 5 septembre), consacrée cette année au rôle que l’IA peut jouer dans le futur de l’éducation.

« Les résultats de l’enquête soulignent la nécessité urgente d’établir des cadres clairs et concrets et de renforcer les capacités institutionnelles pour veiller à ce que l’utilisation de l’IA dans l’enseignement supérieur reste conforme à l’éthique et centrée sur l’humain », affirme l’UNESCO qui s’engage à aider les établissements d’enseignement et les pays à adopter une ligne de conduite sur l’utilisation de l’IA dans le contexte éducatif, en s’orientant vers une direction humaniste qui privilégie « l’inclusion, l’équité, la diversité et la qualité ».

Dans le cadre de son enquête mondiale qui a reçu 400 réponses de Chaires UNESCO et de réseaux UNITWIN de 90 pays différents, offrant ainsi une diversité de points de vue sur l’intégration de l’IA dans les établissements d’enseignement supérieur, neuf personnes interrogées sur dix déclarent utiliser des outils basés sur l’IA dans le cadre de leur travail, le plus souvent pour des tâches de recherche ou d’écriture.

En outre, près de la moitié des personnes interrogées affirment expérimenter aussi l’IA dans le contexte de l’enseignement, notamment pour la planification des cours, l’aide à la notation et la détection du plagiat, tandis que d’autres personnes interrogées l’utilisent pour des tâches administratives ou à des fins de développement professionnel.

Pour les personnes qui utilisent rarement ou jamais l’IA, les obstacles à son utilisation incluent « des préoccupations éthiques et environnementales », « une compréhension limitée ou un manque d’accès », « des contraintes disciplinaires ou une opposition philosophique au rôle de l’IA dans le travail universitaire ».

Une personne interrogée sur quatre indique que son établissement d’enseignement supérieur a déjà été confronté à des problèmes éthiques liés à l’IA, allant d’une dépendance excessive des étudiants envers les outils basés sur l’IA à des différends liés à la paternité de publications, en passant par des biais dans les travaux de recherche. Des entretiens menés avec un échantillon sélectif de dix personnes mettent en avant des inquiétudes quant à l’adoption aveugle de l’IA.

L’enquête met en lumière aussi une nette tendance à l’augmentation des mesures institutionnelles couvrant les préoccupations, les défis et les exigences liées à l’utilisation d’outils basés sur l’IA. Dix-neuf pour cent des personnes interrogées déclarent que leur établissement a déjà adopté une politique officielle en matière d’IA, tandis que 42 % indiquent qu’un cadre d’orientation sur l’IA est en cours d’élaboration dans le leur. Cette tendance s’observe dans les établissements publics aussi bien que privés, mais avec des variations régionales : près de 70 % des établissements d’enseignement supérieur en Europe et en Amérique du Nord disposent de lignes directrices ou sont en train d’en définir, contre 45 % en Amérique latine dans les Caraïbes.

Dans les établissements qui ont défini une politique en matière d’IA, les mesures mises en place incluent des campagnes de sensibilisation à destination des étudiants, la publication de lignes directrices et l’intégration de règles concernant l’IA dans les processus universitaires.

L’UNESCO, dont la Recommandation de 2021 sur l’éthique de l’intelligence artificielle contient des principes généraux qui visent à sous-tendre les règles et les réglementations propres à chaque secteur et à chaque pays, avait publié la même année un guide pour les décideurs politiques axé sur l’IA et l’éducation.

En 2024, l’organisation a publié un Référentiel de compétences en IA pour les apprenants et un autre pour les enseignants. Elle élabore actuellement des orientations sur un référentiel de compétences pour les apprenants et les enseignants de l’enseignement supérieur.