Le Pouvoir : De l’habillage démocratique au parfum du populisme

Dans toute organisation sociale, quelles que soient sa nature, sa culture, ses structures et sa taille, il y a toujours un pouvoir, qui se décline en pouvoirs au pluriel. Ce pouvoir qui assure l’organisation de cette société devra œuvrer pour garantir sa pérennité. Ainsi, dès qu’un Pouvoir s’installe, avant même de se loger confortablement, il y a cette triade qui est mise en jeu et dont il devra assurer l’équilibre : La Légitimité, l’adhésion, la contrainte.
En effet, dès que le pouvoir s’installe, il y a automatiquement une partie de la société qui adhère à sa thèse, sans aucun espoir d’obtenir des avantages ou crainte d’être réprimée. Dans ce lot, il y aurait des groupes dont l’objectif est de préserver des intérêts, des privilèges et d’autres qui sont soumis volontairement, ils obéissent parce qu’ils pensent qu’ils doivent le faire !
Pour les autres qui n’ont pas adhéré à la thèse du Pouvoir, ce dernier agit par la distribution d’avantages, (symboliques, système de rente, dérogations, privilèges, etc) ou la contrainte sous ses différentes formes, visibles ou invisibles, en plus d’autres modalités psychologiques.
Aujourd’hui, la démocratie comme régime politique, dont les variables d’exercice et de fonctionnement s’articulent autour de la représentation, la légitimation et le contrôle, est fortement critiquée.
En ce qui concerne la représentation, les partis politiques piliers fondamentaux de l’édifice démocratique sont en train de s’effondrer, ils ne mobilisent plus les citoyens et les suffrages. De plus, le fossé se creuse davantage entre eux et la population. Ces partis devaient être présents et avoir une certaine représentativité de la population, faire connaitre leurs idées, mobiliser et conquérir le pouvoir.
Cette formule qui consiste à aller de la base de la société au sommet ne marche pas. Bien plus, on assiste aujourd’hui à un autre phénomène qui cadre bien avec la doctrine dominante, consistant à présenter des offres politiques du sommet. Voilà l’offre politique, il faut la suivre. Dans ce contexte, les valeurs politiques ne circulent pas, ne se transmettent pas et n’impressionnent pas. Le mythe du leader politique s’est complètement effrité.
Le deuxième point concernant la question de légitimité est également remis en cause. En effet, le taux d’abstention ne cesse d’augmenter lors des différentes échéances électorales et du coup le reste des voix exprimées ne reflète aucune réalité sociale. Le principe démocratique consistant à 51% contre 49% n’est qu’une majorité arithmétique, de plus en plus insignifiante devant la majorité réelle qui ne s’exprime pas, ou qui vote blanc.
De même, la question du contrôle des citoyens de ceux qu’ils avaient mandatés pour gérer leurs affaires ne tient pas. Cette remise en cause des variantes d’exercice du système démocratique ouvre grandement la porte au populisme. Le concept est en train de vivre la même histoire que celui de démocratie.
D’une insulte de «démocrate» vers la fin du dix-huitième siècle vint ensuite démocratie avant d’être collé pendant le dix-neuvième siècle à un système qui devrait donner la souveraineté au peuple. La volonté générale.
Aujourd’hui, le terme de populisme est péjoratif. Certains le définissent à des fins polémiques comme exagération de promesses, de démagogie, de manipulation, etc, alors que si on applique cette définition sur la plupart part des partis politiques au monde, on va retrouver la même chose.
C’est dire, résume le philosophe français, Pierre Rosanvallon, que le populisme qui commence sérieusement à déranger les systèmes politiques véhicule des principes et une philosophie de concevoir le même régime démocratique : La voix du peuple devra être exprimée par des élections directes, une démocratie directe, une volonté souveraine.
De «la délégation divine» à «la personnalité souveraine de la nation», l’homme a toujours trouvé des explications à ce qu’il ne voit pas. A ce propos, écrivait le philosophe et sociologue français, Auguste Comte, (1798-1857) : « Depuis plus de trente ans que je tiens la plume philosophique, j’ai toujours représenté la souveraineté du peuple comme une mystification oppressive, et l’égalité comme un ignoble mensonge ».
Docteur Belkassem Amenzou
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