Casablanca-Settat : Le président et les figurants

A l’issue d’une session ordinaire du conseil de la région de Casablanca-Settat, dont l’ordre du jour était composé de tout un panier de points à examiner et à approuver, des citoyens ont demandé à certains élus, qui s’affolaient à la sortie, de leur expliquer comment s’est déroulée la séance et pourquoi les votes étaient-ils presque automatiques et, sans débat, en faveur de tout le panier ?
La réponse était sans équivoque ! Cette question pertinente devrait être soulevée à monsieur le président, ont-ils répliqué d’une seule voix.
Autant dire que ces élus et plusieurs autres ne sont que des figurants sans aucun rôle significatif ou actif dans le processus de gestion du conseil de la plus grande ville du pays. De grands figurants à la taille de la grande métropole !
Il faut dire que ce conseil serait en passe de devenir comme une chambre professionnelle où des élus sont issus de collèges représentant diverses activités.
Ainsi, le collège le plus dominant, mais sans aucun pouvoir effectif, est celui des prometteurs immobiliers qui investissent les couloirs de la bâtisse pour plaire au président en vue d’avoir certaines informations en amont, avant qu’elles ne soient rendues publiques, pour orienter leurs manœuvres immobilières afin de gagner plus d’argent. Ici, le délit d’initié s’explique et s’interprète autrement.
Dans le lot de ces promoteurs immobiliers, deux auraient mis le cap en 2021 sur le conseil de la région pour préserver l’héritage de leur père et s’éclipser par ailleurs des projecteurs qui étaient braqués sur leurs affaires à la mairie de la ville.
Pour ce faire, ils manœuvrent à la veille de chaque session pour manipuler le «collège des figurants» afin de faire du bruit de temps en temps, pour intimider un concurrent ou envoyer un message à un autre, mais en tirant toujours les ficelles pour assurer le vote en faveur des points inscrits à l’ordre du jour et plaire au président. Ce dernier trouve également son compte dans cette affaire puisqu’il soulève à la tutelle que «son conseil serait homogène».
En plus de ces deux collèges, figurent quelques rares autres élus qui ont été bombardés dans l’assemblée par la formule du mode de scrutin mis en application et qui cherchent à comprendre les manœuvres des uns et des autres. Mais, en attendant de comprendre, ils votent généralement en faveur des points inscrits à l’ordre du jour, pour ne pas susciter des interrogations à leur égard.
Enfin, pour mieux voir, il serait intéressant de jeter juste un bref regard sur l’histoire de cette assemblée régionale, depuis sa mise en place, pour comprendre comment cette institution sanctionne tous ceux qui avaient mis la main à la poche des deniers publics, avant que leurs dossiers ne soient transférés devant les juridictions compétentes. Autant dire que cette région invoque ses saints protecteurs chaque fois que cela s’avère nécessaire. Aujourd’hui, il semble qu’il est urgent d’agir, plus que jamais !!!
Docteur Belkassem Amenzou
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