Malaise social : De X à Z.. dans le même lot

La jeunesse marocaine serait-elle en désespoir ? C’est la question qui se dégage des spectacles désolants de la rue où des manifestations ont entrainé des arrestations, le week-end des 27 et 28 septembre 2025, dans plusieurs villes du pays. D’après les slogans scandés lors des manifestations et largement relayés sur les réseaux sociaux, des jeunes et moins jeunes protestent contre le manque de perspectives d’avenir, le chômage, la précarité, la décadence de l’enseignement, l’état critique de la Santé publique, et le sentiment d’abandon par le gouvernement. Décryptage.

Dès les premières étincelles de la colère, des voix sont montées au créneau pour annoncer qu’il s’agit, encore une autre fois, d’une manipulation par des forces invisibles, notamment étrangères. Par cette thèse véhiculée pour défendre le gouvernement et le dédouaner, ses auteurs véhiculent un autre message plus grave, laissant entendre que cette jeunesse serait vulnérable et facilement manipulable. Ainsi, sans s’en rendre compte, les auteurs de cette approche imputent la responsabilité au gouvernement. C’est-à-dire qu’il assume la responsabilité de ne pas protéger la jeunesse, de la former et de la doter d’une immunité culturelle et politique contre toute forme de manipulation. C’est dire que dans tous les cas, le gouvernement est responsable du drame.

Sur la même pente, d’autres ont interprété les slogans, en braquant leurs projecteurs sur la Santé pour signifier que ce secteur ne devrait pas interpeller des jeunes encore en bonne santé, comme s’ils ne sont pas issus des familles, dont des membres auraient eu une malheureuse expérience dans des hôpitaux publics. Une interprétation qui aggrave la crise.

Dans le même sillage, ces mêmes voix tentent de dévier le débat, en accusant les adversaires politiques du gouvernement de surfer sur les vagues des protestations à des fins purement électorales. Alors que le champ politique, de gauche à droite, en passant par le centre, est dans le box des accusés des jeunes et moins jeunes, de X à Z, qui se sentent marginalisés par l’ensemble des politiques, toutes tendances confondues.

D’ailleurs, depuis belle lurette, les jeunesses des partis politiques seraient devenues des coquilles vides par les manœuvres des «secrétaires généraux permanents» qui exploitent ce cadre de la jeunesse pour assurer une rente à leurs proches à travers les formules de listes au parlement. De même, les organisations féminines ont été complètement verrouillées par les mêmes manœuvres pour baliser la voie à des voix qui défendent la thèse des mêmes «secrétaires généraux permanents». S’ajoutent à cela, la question de la rente, les conflits d’intérêts, le trafic d’influence, le délit d’initié, l’abus de confiance, le détournement de fonds publics et leur dilapidation. Autant de causes de la provocation. Et voilà les résultats qui s’aggravent encore par les défaillances communicationnelles du gouvernement et des voix qui tentent de le dédouaner.

Dr. Belkassem Amenzou