Akhannouch sur «Al Aoula» et «2M»: Ratage de l’éthos discursif

Sur l’écran public pendant plus d’une heure, Aziz Akhannouch, Chef du Gouvernement et président du Rassemblement national des indépendants (RNI), n’a pas convaincu. Décryptage :

Il voulait parler du bilan de son gouvernement et ses priorités pendant le dernier virage du mandat gouvernemental, mais, il semblait hésitant, affichant un manque d’assurance dans sa parole, même si le cadre de l’émission était choisi par lui-même, apparemment dans son bureau ou dans sa demeure.

En effet, dans ses réponses, il a conjugué au présent à plusieurs reprises les verbes croire et remarquer, «je crois», «je remarque», avec des mimiques et une gestuelle de la main gauche qui renvoie aux émotions, contrairement à la main droite qui représente la raison.

S’ajoute à cela, le geste trop répété pendant l’émission, en touchant le visage par la main, geste qui pourrait signifier un malaise ou une dissimulation. Cette gestuelle bloque ainsi le contact visuel avec les téléspectateurs vers lesquels n’orientait son regard que très rarement.

Au bout de chaque réponse et parfois avant même de terminer la formulation de sa phrase, il regardait, à tour rôle, les deux journalistes qui les interviewaient, comme s’il demandait l’approbation ou la validation de ses propos, au lieu de regarder vers les téléspectateurs pour tenter de les convaincre.

La fluidité de son discours était sérieusement affectée par l’usage des termes en dialecte français mélangés avec des mots en dialecte arabe, à tel point que pendant toute l’émission aucune phrase correcte ne pourrait être retenue. Et faire par ailleurs, les titres des médias qui défendent sa thèse.

En plus, cette répétition involontaire de certains mots en dialecte arabe et en «français parlé», pendant la formulation de ses réponses, pourrait le ranger dans la case de «la palilalie politique». Et pourtant, il avait à sa disposition des statistiques dont le bon usage pourrait projeter de lui une autre image publique. La magie des chiffres qui montrent tout et qui cachent l’essentiel. Mais, sur ce terrain, force est de souligner que le chef du gouvernement a également raté sa sortie médiatique.

Dans le registre du social, il a mis en avant l’institution royale, laissant entendre qu’il n’est qu’un exécutant, au lieu de défendre le bilan et convaincre les citoyennes et les citoyens, surtout la population concernée, en employant d’abord un langage adapté à la cible, des arguments, «ce qui est réalisé», «ce qui reste à faire» avec une posture rassurante accompagnée d’un regard prometteur.  

A la question de savoir s’il envisage de rempiler pour un second mandat, son langage verbal ne laissait rien entendre, à part une attitude évasive, en parlant du parti, des partis sans trancher, alors que son langage corporel montrait indirectement qu’il est convaincu de céder le fauteuil. En un mot, l’éthos discursif produit tout au long de l’émission le confirme à bien des égards !

Belkassem Amenzou, docteur en communication politique