Quand la mère sacrifie la maman et délègue à la « nounou »

«J’ai une mère, mais je n’ai pas de maman». C’est par cette phrase lourdement chargée de messages qu’un enfant a répondu à sa maîtresse qui demandait à ses élèves en classe de lui expliquer la différence entre une «mère» et une «maman». Et toute la différence réside dans le fait de chercher cette différence.
Brièvement, d’après les dictionnaires, le terme «mère» désigne la Femme qui a donné naissance à l’enfant, tandis que l’appellation de «Maman» est donnée à la mère par son enfant pour la désigner affectueusement.
En fait, d’après les spécialistes de la petite enfance, le bébé commence à prononcer une succession de sons dont il ressort des «ma», adressés à la personne qui l’entoure le plus dès sa naissance. «Ma ma» a donc amené «mama» qui, en latin, veut dire le sein, comme le sein maternel, puis «maman».
Cette succession des «ma…ma», désignant «maman», est presque la même dans plusieurs langues. «Mom» ou «Mummy» en anglais, «Mamma» en italien, «Mamá» en espagnol, «Mama» encore en polonais mais aussi en russe, suédois, «Mammie» en néerlandais…
Il s’agit donc, résumaient déjà plusieurs écrivains du XVIIème, «Des mots dictés par la nature qui ont été ensuite adoptés dans toutes les langues».
Autant dire qu’une mère peut être une maman ou ne pas l’être. Et dans le contexte d’aujourd’hui avec sa pression socioéconomique et sa doctrine dominante, force est de constater que plusieurs mères ne sont plus des «Mamans». Elles ont délégué le rôle de la «maman» à d’autres. Alors que depuis des siècles, «l’allaitement par nourrice était qualifié d’allaitement mercenaire».
Il faut dire que le rôle de la maman est si important qu’il ne faut pas le laisser au second plan par rapport à une autre activité aussi payante ou aussi utile qu’elle soit. D’ailleurs, plusieurs études recommandent le maintien de la mère au foyer pour remplir pleinement le rôle de la maman. La formule est même encouragée dans certains contextes par des subventions (congé de maternité de trois ans). Car, c’est à cet âge (de quelques semaines à trois ans) que des comportements socio-émotionnels pourraient influencer l’enfant et provoquer des blessures qui l’accompagneront à l’âge adulte. Ces blessures sont réparties, par la plupart des spécialistes, entre «la maltraitance» et «la négligence» dans le sens émotionnel et psychologique des deux termes.
Par exemple, un enfant «oublié» à l’école peut ressentir une blessure d’«abandon» même si sa mère, qui a tardé au boulot, arrive affolée pour le récupérer avec des sourires et des câlins et lui offrir des bonbons pour le calmer en ce moment. De même, un enfant qui apprend dans son entourage qu’il était né suite à une grossesse non désirée, «joli accident» dans le langage courant des femmes d’aujourd’hui, pourrait ressentir une blessure de «rejet» qui le traumatiserait à l’âge adulte. Ce que des recherches scientifiques, notamment américaines, ont démontré, en soulignant que «la garde non parentale est un facteur de risque pour le développement social et émotionnel de l’enfant».
Aujourd’hui, malheureusement, le débat est orienté ailleurs, en le focalisant sur la question de comment «concilier vie professionnelle et vie de maman». Ce qui est impossible. Et au passage, la manipulation du langage a donné une connotation négative à «la femme au foyer», c’est-à-dire qu’elle n’est pas présente sur le marché du travail rémunéré. Bref, concilier bébé et travail est une illusion. L’enfant souffre lorsque sa mère travaille.
Dr. B.A
Comments 0