BIDAYA 2 : Une plateforme d’émergence pour la jeune création artistique marocaine

L’exposition collective « BIDAYA 2 », accueillie à l’Espace Expressions CDG de Rabat jusqu’au 14 septembre 2025, s’inscrit dans une dynamique institutionnelle visant à soutenir et promouvoir la jeune génération d’artistes marocains. Organisée en partenariat entre la Fondation CDG, l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan (INBA) et l’École Supérieure des Beaux-Arts de Casablanca (ESBAC), elle constitue un jalon significatif dans la transition des jeunes diplômés vers la scène professionnelle.

Un contexte institutionnel porteur

Le projet s’insère dans un programme de résidences et d’expositions destiné à offrir aux jeunes artistes un espace d’expérimentation et de visibilité. Cette deuxième édition prolonge le succès de la première, en renouvelant son souffle créatif grâce à l’expérience accumulée des artistes et à l’enrichissement de leurs démarches personnelles. Comme le souligne Mehdi Zouak, anthropologue  et directeur de l’INBA, « BIDAYA 2  » marque une phase charnière : le passage du cadre académique vers l’univers professionnel.

Le vernissage, tenu le 25 juillet 2025, a réuni artistes, critiques, enseignants, et amateurs d’art dans une atmosphère propice aux échanges esthétiques et intellectuels. Ce rendez-vous confirme la volonté des institutions culturelles de favoriser le dialogue entre création contemporaine et enjeux socioculturels actuels.

Les artistes et leurs parcours

L’exposition réunit dix lauréats de la promotion 2025, répartis équitablement entre les deux écoles :

ESBAC, Casablanca : Hafssa Sbaiti, Houssam Kanziti El Belrhiti, Ilyas Oulkaid, Mohamed El Harouchi, Rim Eladani.

INBA, Tétouan : Mohammed Radi, Oualid Lazrak, Younes Goudmane (Arts Plastiques), Hasnae Moussaoui (Design), Safoua Slaiki (Bande Dessinée).

Ces artistes proposent des univers singuliers, à la fois enracinés dans la tradition académique et ouverts aux expérimentations contemporaines. Les médiums mobilisés ( peinture, sculpture, design, installations, bande dessinée ) traduisent la diversité des approches et la vitalité des écoles marocaines.

Un laboratoire d’idées et de pratiques

« BIDAYA 2 » ne se limite pas à l’exposition des œuvres ; elle intègre une dimension de workshops in situ permettant au public d’assister aux processus de création. Selon Said Guihia,  artiste designer et directeur de l’ESBAC, ces ateliers transforment l’événement en un « véritable espace de dialogue, de transmission et d’expérimentation ». Les échanges entre artistes et visiteurs favorisent une compréhension élargie des pratiques artistiques et renforcent le lien entre la production plastique et sa réception.

Cette approche confère à l’événement un caractère de résidence-atelier, où l’Espace Expressions CDG devient un lieu de recherche, de confrontation des démarches et de stimulation mutuelle. Elle permet également d’ancrer l’initiative dans une dynamique territoriale reliant Rabat, Casablanca et Tétouan, deux pôles majeurs de la cartographie artistique marocaine.

Une vision partagée pour l’avenir

Le texte institutionnel accompagnant l’exposition met l’accent sur la nécessité de créer des passerelles concrètes entre la formation et le marché de l’art. Il insiste sur le rôle de la Fondation CDG dans l’inclusion, l’innovation culturelle et la visibilité des jeunes créateurs. L’exposition-résidence constitue un cadre professionnel adapté à un moment charnière de leur carrière, favorisant leur insertion dans les réseaux artistiques nationaux et internationaux.

Par cette initiative, la Fondation CDG et ses partenaires entendent également valoriser la diversité des approches esthétiques et encourager des pratiques innovantes. Les œuvres exposées témoignent de regards audacieux, inventifs, et résolument tournés vers les problématiques contemporaines, qu’elles soient esthétiques, sociales ou environnementales.

Entre mémoire et avenir

L’un des apports majeurs de « BIDAYA 2 » réside dans la mise en relation de deux traditions artistiques : celle de Casablanca, marquée par un engagement dans la modernité urbaine, et celle de Tétouan, héritière d’un dialogue historique avec les courants méditerranéens. Cette rencontre crée un espace d’hybridation fertile où les pratiques se nourrissent mutuellement, ouvrant des perspectives nouvelles pour la scène artistique marocaine.

Au-delà de la dimension esthétique, cette convergence illustre la volonté de tisser des liens entre mémoire et futur, entre gestes hérités et formes inédites. Les jeunes artistes deviennent ainsi des passeurs, capables de réinterpréter un patrimoine visuel tout en inventant de nouveaux langages.

un socle pour de nouvelles quêtes artistiques

En rassemblant ces dix jeunes diplômés autour d’un projet commun, « BIDAYA 2 » s’impose comme un catalyseur de trajectoires artistiques. Elle incarne la conviction que l’art peut être à la fois un langage universel et un outil de transformation sociale. L’exposition se présente comme une scène inaugurale, mais aussi comme un manifeste : celui d’une génération qui ose, explore et transforme.

Ce rendez-vous à Rabat se veut le socle de nouvelles quêtes artistiques, invitant les créateurs à poursuivre leur recherche avec exigence et curiosité. Il offre au public une immersion dans la créativité juvénile marocaine, révélant des talents appelés à rayonner au Maroc comme à l’international.

Ainsi, « BIDAYA 2 » ne se réduit pas à un événement ponctuel ; elle constitue un jalon dans la structuration d’un écosystème artistique où institutions, écoles et artistes œuvrent ensemble à l’émergence d’une scène contemporaine dynamique et plurielle.

Par : Mouncef  Abdelhak , enseignant chercheur.