Analyse de l’implicite dans le Discours du Trône de SM Le Roi Mohammed VI du 29 juillet 2025

Introduction
Le discours du Trône prononcé par SM Le Roi Mohammed VI est un moment clé de la vie politique marocaine. Dans son discours du 29 juillet 2025, le Roi a décidé de confier au Ministre de l’Intérieur la responsabilité des préparatifs des élections de 2026, tout en retirant
certaines prérogatives au Chef du Gouvernement, notamment celles liées aux subventions aux agriculteurs et aux éleveurs. Cette décision revêt une importance particulière et mérite une analyse approfondie. En effet, elle soulève des questions sur l’équilibre des pouvoirs au sein de
l’État marocain, la perception du gouvernement par le monarque, et les implications pour la démocratie marocaine. Cette analyse se penchera sur l’implicite de ces décisions, en examinant les dimensions politiques, institutionnelles et sociales qu’elles engendrent.
I. La répartition des responsabilités au sein de l’État
A. Confiance en la capacité du Ministère de l’Intérieur
Un acteur clé dans la gestion des affaires internes
Le choix du Roi de confier cette tâche au Ministre de l’Intérieur souligne la confiance qu’il accorde à cette institution. Le Ministère de l’Intérieur est traditionnellement perçu comme un pilier de la gouvernance au Maroc, en charge de la sécurité, de l’ordre public et de la gestion
des affaires administratives. En assignant la responsabilité des élections à cette entité, le Roi cherche à garantir que le processus électoral se déroulera de manière rigoureuse et sécurisée.
Cela peut être interprété comme une volonté de renforcer la stabilité politique à l’approche d’un moment aussi crucial pour la démocratie marocaine.
Préparation à des enjeux électoraux complexes
Les élections de 2026 s’annoncent comme un moment charnière pour la politique marocaine, avec des enjeux majeurs tels que la représentativité, la participation citoyenne et la stabilité politique. En confiant ces préparatifs au Ministre de l’Intérieur, le Roi s’assure que les ressources nécessaires seront mobilisées pour garantir un scrutin transparent et équitable. Cette décision vise à créer un climat de confiance parmi les citoyens, en leur montrant que l’État est proactif dans la gestion des élections.
B. Critique implicite de l’exécutif
Remise en question de l’efficacité du Chef du Gouvernement
Le retrait de certaines prérogatives au Chef du Gouvernement, notamment en ce qui concerne les subventions aux agriculteurs et aux éleveurs, peut être interprété comme une critique implicite de son efficacité. En enlevant ces responsabilités, le Roi semble suggérer que
l’exécutif ne parvient pas à gérer des questions essentielles qui touchent à la vie quotidienne des citoyens. Cela soulève des questions sur la capacité du gouvernement à répondre aux attentes de la population et à gérer des crises, notamment dans des secteurs aussi vitaux que
l’agriculture.
Éclaircissement des rôles institutionnels
Cette décision peut également être vue comme une tentative de clarifier les rôles au sein des institutions marocaines. En prenant le contrôle de domaines clés, le Roi cherche à éviter toute confusion sur la responsabilité des actions gouvernementales. Cela peut renforcer sa
position en tant que décisionnaire ultime, tout en signalant aux membres du gouvernement qu’ils doivent redoubler d’efforts pour justifier leurs prérogatives et prouver leur efficacité.
II. La dynamique du pouvoir et son impact
A. Renforcement du rôle du Roi
Un retour à un modèle de gouvernance centralisée
La décision de confier des responsabilités au Ministre de l’Intérieur tout en retirant des prérogatives au Chef du Gouvernement peut être interprétée comme un retour à un modèle de gouvernance où le Roi joue un rôle central et direct dans les affaires de l’État. Cela renforce
l’idée que, malgré un gouvernement élu, le Roi reste le garant ultime de la stabilité et de l’ordre au Maroc. En agissant ainsi, il affirme son autorité et son engagement à protéger les intérêts du pays, surtout en période électorale où les enjeux sont élevés.
Un message de contrôle et de responsabilité
En prenant personnellement les rênes des préparatifs électoraux, le Roi envoie un message clair sur la nécessité de maintenir un contrôle rigoureux sur les processus politiques. Cela peut être perçu comme une manière de s’assurer que les élections se déroulent dans un
cadre qui préserve les intérêts des citoyens et par conséquent de la nation. Le Roi, en tant que figure d’autorité, cherche à limiter le risque de déviation ou d’instabilité politique qui pourrait découler d’élections mal gérées.
B. Une réponse aux attentes populaires
Sensibilité aux préoccupations des citoyens
Le choix de confier les préparatifs électoraux à une institution perçue comme plus proche des réalités locales, comme le Ministère de l’Intérieur, peut être compris comme une réponse aux préoccupations des citoyens concernant l’intégrité et la transparence du processus
électoral. Le Maroc a connu des périodes de méfiance envers les institutions politiques, et le Roi semble conscient du besoin de rassurer la population sur le fait que les élections seront menées de manière juste et équitable. En confiant ces responsabilités à une institution qui a une
longue tradition de gestion des affaires locales, le Roi cherche à établir un climat de confiance.
Mobilisation des ressources nécessaires
En confiant ces responsabilités au Ministre de l’Intérieur, le Roi s’assure que toutes les ressources nécessaires seront mobilisées pour garantir le succès des élections. Cela peut être vu comme un effort pour minimiser les risques d’échec ou de contestation des résultats, en
s’assurant que toutes les parties prenantes sont impliquées dans le processus. Cela pourrait également favoriser une plus grande participation citoyenne, car les électeurs pourraient se sentir rassurés par l’implication directe de la monarchie dans les préparatifs.
III. Implications pour la démocratie marocaine
A. Équilibre entre démocratie et autoritarisme
Appel à l’évolution des institutions
Cette dynamique souligne également la nécessité d’une évolution du cadre politique marocain, où le gouvernement doit prouver sa capacité à gérer les affaires publiques de manière efficace. Le Roi semble indiquer qu’un certain niveau de contrôle est requis pour garantir que
les institutions fonctionnent correctement. Cela peut être vu comme une invitation à renforcer les capacités du gouvernement et à améliorer la performance des partis politiques, afin de mieux répondre aux attentes des citoyens.
B. Perspectives pour les élections de 2026
Préparation d’un scrutin serein
Les décisions prises par le Roi à l’approche des élections de 2026 créent un cadre où le processus électoral sera encadré de manière stricte. Cela pourrait favoriser une participation citoyenne plus élevée, car les électeurs pourraient se sentir rassurés par l’implication directe de
la monarchie dans les préparatifs. Un scrutin bien organisé pourrait également renforcer la légitimité des résultats, ce qui est crucial pour la stabilité politique du pays.
Réflexion sur le rôle des partis politiques
Enfin, cette situation incite à une réflexion sur le rôle des partis politiques au Maroc. En leur donnant moins de prérogatives, le Roi semble suggérer qu’ils doivent repenser leur approche et leur engagement envers les citoyens. Cela pourrait créer un espace pour un dialogue
plus constructif entre le Roi, le gouvernement et les partis politiques, favorisant ainsi un environnement politique plus dynamique et réactif aux besoins de la société.
Conclusion
La décision de SM Le Roi Mohammed VI de confier au Ministre de l’Intérieur la responsabilité des préparatifs des élections de 2026, tout en retirant certaines prérogatives au Chef du Gouvernement, est révélatrice de plusieurs dynamiques politiques et institutionnelles
au Maroc. Elle souligne un retour à un modèle de gouvernance où le Roi joue un rôle central tout en critiquant implicitement l’efficacité de l’exécutif en place. Cela renforce son autorité et son engagement envers la stabilité du pays, tout en répondant aux préoccupations des citoyens
concernant l’intégrité du processus électoral. Cette situation met également en lumière les défis auxquels est confronté le gouvernement et les partis politiques, appelant à une réflexion sur leur rôle et leur responsabilité dans la construction d’un avenir démocratique pour le Maroc.
En fin de compte, cette décision du Roi peut être interprétée comme un appel à l’action pour tous les acteurs politiques du pays. La réussite des élections de 2026 dépendra non seulement de la manière dont elles seront organisées, mais aussi de la capacité du gouvernement
et des partis politiques à s’engager activement auprès des citoyens et à répondre à leurs attentes.
Dans ce contexte, le rôle du Roi en tant que garant de la stabilité et de la légitimité sera crucial pour le futur démocratique du Maroc.
Rachid Daouani, Coordonnateur du Master Communication Politique et Diplomatique
Chargé de mission : Partenariats et Relations Publiques, FSJES, Ain Chok, Casablanca
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