Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain : Vernissage de l’exposition « Marc Riboud & Bruno Barbey : Regards croisés »

Le vernissage de l’exposition « Marc Riboud & Bruno Barbey : Regards croisés » a eu lieu, mercredi au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) à Rabat, marquant la première présentation au Maroc de ce dialogue visuel entre deux figures majeures de la photographie humaniste du XXe siècle.
Organisée par la Fondation nationale des musées, l’Association « Les Amis de Marc Riboud et Madame Caroline Thiénot Barbey », cette exposition met en lumière l’univers singulier de deux membres emblématiques de l’agence Magnum Photos, à travers une centaine d’œuvres prêtées notamment par le musée Guimet à Paris.
Dans une déclaration à la MAP, Catherine Riboud, épouse du défunt photographe Marc Riboud, s’est dite heureuse de voir naître cette première exposition au Maroc, fruit d’un travail de mémoire mené en étroite collaboration avec le musée Guimet, désormais dépositaire de l’ensemble du fonds Riboud.
Elle a évoqué à cette occasion le tout premier grand périple de son mari, de Beyrouth à Calcutta, immortalisé par une série de clichés devenus iconiques, soulignant qu’il composait ses photos comme des peintres, avec équilibre et lignes de force.
Mme Riboud a également mis en avant l’approche profondément humaine de son époux, expliquant que « ce n’était pas tant un message qu’il portait, mais une manière d’être : respectueuse, empathique, souvent teintée d’humour ».
La fille du photographe Bruno Barbey, aussi présente au vernissage, a rappelé l’attachement viscéral de son père au Maroc, son pays natal. « Il est né à Berrechid et n’a jamais cessé d’y revenir pendant 30 ans », a-t-elle indiqué.
Elle a décrit avec émotion l’univers de ce pionnier de la photographie couleur, influencé par le néo-réalisme italien, dont l’œuvre marie le journalisme de terrain à une esthétique picturale, affirmant qu’ »il photographiait l’humain dans son environnement naturel, la rue comme une scène de théâtre. Ce sont des scènes simples, mais qui deviennent des tableaux ».
Pour sa part, le président de la Fondation nationale des musées du Maroc, Mehdi Qotbi, a salué l’importance de cette exposition, qui intervient dans le contexte de la dynamique culturelle insufflée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
« Depuis l’accession de Sa Majesté le Roi au Trône, la culture et les musées ont connu un bond en avant remarquable, et aujourd’hui notre pays est devenu un exemple », s’est-il réjoui.
Cet événement tient aussi son importance du fait qu’il réunit deux grandes figures de la photographie mondiale, a relevé M. Qotbi.
« Aujourd’hui, la photographie est un art à part entière », a-t-il dit, rappelant que Marc Riboud fut le premier photographe occidental à entrer en Chine communiste pour y prendre des clichés, tandis que Bruno Barbey, nourrissait un attachement profond au Maroc.
Pour Lorène Durret, co-commissaire de l’exposition et directrice de l’Association Les Amis de Marc Riboud, cette rencontre photographique illustre une vision commune du monde, forgée par les voyages, les grands bouleversements géopolitiques et une esthétique profondément humaniste.
Elle s’est arrêtée sur le regard singulier que Riboud portait sur le Maroc, en particulier sur la ville de Fès, à laquelle il était attaché, ajoutant que ses photographies constituent un témoignage visuel de la seconde moitié du XXe siècle.
« Présents à des moments-importants de l’Histoire, leurs clichés, autrefois inscrits dans l’actualité brûlante, sont aujourd’hui redécouverts sous un prisme historique. Ils deviennent des traces visuelles précieuses face aux risques de réécriture ou d’oubli », a-t-elle estimé.
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