La migration entre intégration et retour sempiternel aux sources

La migration est le déplacement d’une personne d’un lieu à un autre. Celle qui migre cherche à travailler, étudier, rejoindre sa famille déjà installée ailleurs.
Migrer implique une séparation corporelle de l’individu de sa famille, de son pays de tout l’environnement dans lequel il a vécu. Vouloir changer de vie est souvent motivé par un besoin d’améliorer sa situation financière, fonder une famille pesante, instruire une mentalité différente.
Certains vont migrer pour imiter un membre de la famille, un voisin, un collègue, un ami. Pour eux, c’est mieux d’y aller car c’est différent. Cela ne peut pas être pire qu’ici! Ailleurs est différent. Donc c’est meilleur. La décision de migrer peut être temporaire, le temps de se construire ou de se reconstruire. Elle peut être définitive, sans retour possible.
Lorsque c’est temporaire, l’individu est à l’étranger pour réaliser un projet, finir ses études et rentrer chez lui, travailler assez pour constituer un capital nécessaire pour lancer un projet.
Lorsque la migration est définitive, l’individu est dans un mode fuite, dans une situation qui lui déplaît. Il est prêt à couper avec le pays d’origine. Il se sent rejeté par la société. Il n’arrive pas à trouver du travail, il cherche la nouveauté. Il espère une vie meilleure.
Or, certains individus, qui vivent aisément, cherchent à migrer eux-aussi pour éduquer leur enfant : les frais de scolarité sont chers et l’enseignement public est démissionnaire. Le salaire, les conditions de travail ne sont pas suffisants pour réaliser leurs projets. Ils estiment qu’ils seraient exploités dans leur pays, leur formation, leur compétence sera appréciée ailleurs. Le pays d’origine forme. L’étranger récupère. Il convoite l’ingénieur, le médecin. Tous les métiers auxquels les pays étrangers sont demandeurs. Ces derniers identifient parfaitement leur besoin, prospectent et recrutent.
Avec la migration, l’individu conserve souvent son identité puisque le retour au pays durant les vacances, l’achat d’un bien, l’investissement sur un projet démontre que la personne maintient des liens forts avec le pays d’origine.
Cette identité est transmise aux enfants lorsque le sentiment d’appartenance est bien vécu par les parents.
A défaut, le lien est rompu lorsque les enfants n’ont plus de lien avec la famille des parents. Aucun voyage n’est programmé au pays pour rencontrer les grands-parents, les tantes et les oncles.
Le lien est alimenté grâce aux souvenirs agréables d’enfance. L’attachement au pays d’origine passe nécessairement par la famille. L’éloignement physique, et surtout vivre dans un pays différent au niveau de la religion et la culture sans aucune connexion va entraîner une rupture irréversible avec le pays d’origine.
Migrer implique nécessairement vivre avec les autres. Le migrant est confronté à s’imprégner d’une nouvelle culture. Ce mariage est une source de richesse. L’individu se découvre à travers son observation de la vie à l’étranger. Un comportement différent du sien va l’amener à se poser des questions et à se positionner par rapport aux valeurs, règles, principes et mode de vie. Dès lors, un dialogue intérieur commence. Un dialogue qui peut l’amener à commencer à critiquer le système d’origine.
Or, c’est dans la différence des systèmes que réside la grande richesse ! Dupliquer un mode de vie, un système de fonctionnement du pays d’accueil, reproduire les mêmes valeurs et principes amènent à une perte d’identité. Un changement radical ne sera pas naturel, il sera rejeté à un moment donné dans le processus d’intégration.
Le retour aux origines se fait ressentir à un moment donné, souvent à la fin d’une vie. Et là, la personne essaie de retrouver ses repères perdus. Il peut renier la vie vécue pour en constituer une autre, pour se rattraper. Il peut chercher à se remarier et peut-être avoir d’autres enfants car ils ne s’identifient plus aux valeurs acquises à l’étranger. Il fera face à un présent ébranlé rempli de doute.
Migrer reste toujours une belle aventure. On en sort toujours gagnant à condition que l’on ne se perde pas en cours de route. Adopter une vie différente reste une bonne chose surtout si elle nous amène à nous améliorer et à faire ressortir le meilleur de nous même à savoir l’humain dans toute sa splendeur.
Mme Soleil de la Voix
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