Hommage aux figures éternelles d’Essaouira : La Galerie la Kasbah célèbre Boujemâa Lakhdar et Houssein Miloudi

Dans le cadre du cycle intitulé « Les immortels d’Essaouira », la Galerie la Kasbah organise une exposition remémorative consacrée à deux grandes figures de la scène artistique nationale : Boujemâa Lakhdar (1941-1989) et Houssein Miloudi (1945-2022). Cette initiative s’inscrit dans la volonté de perpétuer la mémoire de ceux qui ont façonné l’identité artistique et culturelle de la Cité des Alizés.
À travers cette exposition, le public est invité à redécouvrir l’œuvre singulière de Boujemâa Lakhdar, pionnier de la modernité plastique à Essaouira, dont le travail oscille entre l’artisanat traditionnel et l’expression artistique contemporaine. Ses créations, à la fois enracinées dans le patrimoine matériel de la ville et ouvertes sur l’imaginaire, continuent de dialoguer avec les générations actuelles. Lakhdar, disparu prématurément en 1989, reste une référence incontournable pour comprendre l’émergence artistique d’Essaouira dans la seconde moitié du XXᵉ siècle.
Parallèlement, l’exposition rend hommage à Houssein Miloudi, artiste prolifique et visionnaire, disparu en 2022. Plasticien, peintre et sculpteur, Miloudi s’est illustré par une œuvre foisonnante où se mêlent symbolisme, abstraction et mémoire collective. À travers ses compositions audacieuses, il a su projeter Essaouira au-delà de ses remparts, l’inscrivant dans les grands courants de l’art contemporain mondial.
Cet événement, ouvert au grand public, propose un parcours sensible entre les univers de ces deux créateurs, reflets de l’âme artistique d’Essaouira. Il s’agit d’un témoignage vibrant à l’égard de leur héritage et d’un acte de mémoire destiné à inscrire leurs œuvres dans la durée.
Boujemâa Lakhdar était un artisan de la mémoire autant qu’un visionnaire, capable d’insuffler à la matière brute les éclats poétiques de son territoire natal. Quant à Houssein Miloudi, il a su transcender les frontières stylistiques, offrant à Essaouira un langage plastique universel nourri d’humanité et de profondeur.
La Galerie la Kasbah invite passionnés d’art, connaisseurs et curieux à (re)découvrir ces deux icônes dont les œuvres continuent d’habiter l’imaginaire collectif de la ville. Ils sont deux âmes que le temps n’a su enchaîner. Leurs œuvres sont des miroirs où se reflètent les ombres d’Essaouira, entre le battement de la mémoire et l’infini du rêve… Ici, là où l’horizon se confond avec le bleu de l’océan, où les vieilles pierres prêtent l’oreille aux murmures du vent, l’art demeure le témoin éternel de la beauté immortelle, le gardien loyal de la mémoire des lieux.
Boujemâa Lakhdar, qui a su façonner à partir des matières anciennes et des rituels des zaouïas des récits inépuisables, a laissé dans chaque recoin de la médina une empreinte à son image, à la fois simple et profondément enracinée.
Quant à Houssein Miloudi, il a dompté le pinceau, l’invitant à s’envoler, et transformé les couleurs en un langage sans frontières. Par son geste, il a redonné à Essaouira sa place sur les cartes de l’art universel, là où l’héritage dialogue avec la modernité, et où, des cendres, renaît l’éclat d’une lumière nouvelle.
Ils ne sont pas de simples noms gravés dans le registre de la mémoire ; ils sont deux chapitres toujours vivants dans le grand livre d’Essaouira, ce livre ouvert sur l’horizon, et dans ses ports, qui attendent sans cesse le retour de l’âme.
Dr. Abdellah Cheikh ( critique d’art)
Comments 0