Le 7ème art, précurseur « imaginaire » de l’IA

L’intelligence artificielle (IA) est née dans l’ »imaginaire du cinéma », qui a abordé cette thématique depuis plusieurs décennies et contribué à façonner notre rapport collectif à la technologie, a estimé, dimanche à Khouribga, l’expert en transition digital, Lahsen El Bouhali.

Le cinéma a non seulement projeté des visions d’une IA menaçante, bienveillante ou ambiguë, mais il a aussi nourri les espoirs et les peurs qui accompagnent actuellement les outils de l’IA générative, a-t-il indiqué lors d’un colloque consacré aux mutations technologiques dans le monde du 7ᵉ art, tenu dans le cadre de la 25e édition du Festival International du Cinéma Africain de Khouribga (FICAK).

D’autres part, l’IA peut être perçue en tant qu’outil de création pour l’industrie cinématographique, « contrairement à l’IA en général, l’IA créative est conçue pour créer du contenu, à partir de contenus déjà existants », a expliqué M. El Bouhali, également directeur du Festival international des arts numériques de Khouribga (DAK).

Dans ce sens, le premier festival des films IA a déjà eu lieu, il s’agit du nouvel « Artefact Film IA Festival » en France, qui célèbre les œuvres cinématographiques entièrement générées par l’IA, a-t-il fait savoir.

Cette réalité pose plusieurs problématiques et débats, notamment autour de la question des droits d’auteur, car « l’IA ne crée rien à partir de zéro, elle utilise l’existant » a-t-il fait observer, ajoutant que c’est une question qui concerne l’ensemble des industries culturelles.

Interrogé sur la possibilité de qualifier d’ »artistique » une œuvre produite par l’IA , M. El Bouhali a reconnu la complexité du débat, estimant qu »à partir du moment où un humain qualifie une production complètement générée par l’IA d’art, alors c’est de l’art ».

Lors de cette deuxième journée du festival qui se tient du 21 au 28 juin, la compétition débute avec la projection de « Umungani » de Jean Kwezi (Rwanda), « Warassa / héritage » de Aaron Padacke Zegoube (Tchad), et « Empreintes du vent » de Layla Triqui (Maroc), dans la catégorie Longs métrages.

Du côté des Courts métrages, les films en lice sont « L’interrogatoire » de Jean-Luc Rabatel du Togo, « The Medallion » de Ruth Hunduma (Ethiopie), et « Portrait d’une femme sans visage » de Sadia Kossangue (République Centrafricaine).

Organisé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le FICAK 2025 accueille 350 cinéastes venus de 45 pays, dans une célébration de la création cinématographique africaine, de ses talents émergents et de ses mutations profondes.

Placée sous le signe « Du griot à l’algorithme, le cinéma évolue », cette édition entend ouvrir une réflexion de fond sur l’impact de l’IA sur les métiers, les récits et les imaginaires du 7e art à l’échelle du continent.