Les néo-bacheliers et le virage du passage du statut de «l’élève» à celui de l’étudiant

Le baccalauréat serait désormais sanctionné par deux «diplômes». Le premier est absolument virtuel. Il est annoncé et affiché, en grande pompe, au monde entier sur les réseaux sociaux, juste après l’annonce officielle des résultats ; alors que le réel, ou plus exactement sa valeur réelle, qui mènera le candidat dans le monde réel, n’est saisi que, plus tard, par l’intéressé lui-même et par sa famille qui avait fait des sacrifices, en y mettant des investissements, sa propre gloire, son projet, son espoir et même sa revanche.
De plus, la joie et l’euphorie du virtuel se trouvent amplifiées et dépassent amplement le plaisir provoqué par le désir de réussir, sa signification et sa motivation dans le contexte réel.
Car, juste après, le candidat, néo-bachelier de son état, commence à affronter les contraintes du monde réel. Il lui faut une excellente moyenne (une mention) pour être sélectionné en vue de se présenter au concours d’accès à certaines grandes écoles, occasionnant, en cas d’admission, un budget pour poursuivre un parcours universitaire de plusieurs années, surtout quand le candidat est issu des contrées lointaines.
Au cas où ce néo-bachelier n’est pas admis sur cette prestigieuse voie et n’aurait pas les «moyens» de se rattraper et financer ses études supérieures dans le privé, il emprunte le chemin du public qui se dégrade au fil des temps.
Dans tous les cas, les néo-bacheliers, du moins la plupart d’entre eux, rencontrent tout d’abord énormément de difficultés pour passer du statut de «l’élève» à celui de l’étudiant puisqu’ils ne sont pas suffisamment «élevés» de leur dimension corporelle, passionnelle et pulsionnelle pour atteindre le logos et la sagesse requise.
Vulnérables et insuffisamment immunisés pour emprunter la voie les emmenant au monde professionnel, ils restent exposés à tous les risques, à toutes les dérives, à toutes les manipulations…
On leur fait croire que tel «institut supérieur» dispense des formations adaptées au monde du travail, mais on leur signifie à la fin de la formation que le diplôme ne garantit pas l’emploi.
Et puisque ce dernier secteur change constamment, évolue continuellement et s’adapte aux orientations du mondialisme, la formation de l’étudiant se trouvera «périmée» dès qu’il décroche le diplôme.
Le philosophe français, Michel Foucault, (1926-1984), l’avait déjà formulé, en soulignant que «le diplôme, qui n’a de valeur que pour ceux qui ne l’ont pas, n’a qu’une valeur marchande du savoir pour ceux qui l’ont». Ce qui le soumet à la bourse des valeurs du marché du travail qui est conditionné et formaté par le capitalisme, le libéralisme et d’autres paramètres.
B.A
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