Le recours à l’IA dans les bibliothèques nationales soulève de nombreux défis d’ordre technique, culturel et éthique

Le recours à l’Intelligence Artificielle (IA) dans les bibliothèques nationales, notamment en matière de sauvegarde des fonds documentaires et des manuscrits, soulève de nombreux défis d’ordre technique, culturel et éthique, a affirmé l’experte en Intelligence Artificielle (IA) à l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO), Saloua Abdelkhalek.

Dans une interview accordée à la MAP, en marge de l’ouverture, lundi à Rabat, des travaux du premier Forum des bibliothèques nationales du monde arabe, placé sous le thème « L’intelligence artificielle au service des bibliothèques et du patrimoine documentaire », Mme Abdelkhalek a indiqué que ces défis consistent, au niveau technique, à élaborer et maîtriser les données sur lesquelles se base l’IA.

Au niveau culturel, a-t-elle poursuivi, à défaut de développer des données propres aux pays du monde arabe, l’IA s’appuie sur des données déjà établies, ce qui risque d’engendrer la production d’une culture mondiale standardisée sans tenir en compte la spécificité de la culture arabe.

Sur le plan éthique, le recours à l’IA doit s’opérer conformément aux dispositions des chartes éthiques universelles, a expliqué l’experte, appelant les pays arabes à élaborer des Chartes communes dans le domaine des bibliothèques publiques en s’appuyant sur l’expertise de l’ALESCO.

Tout en qualifiant de « timide » l’expérience arabe en matière de recours à l’IA dans les bibliothèques publiques, Mme Abdelkhalek a mis l’accent sur la nécessité pour les pays arabes de développer davantage leur action et performance dans ce domaine vital. Le but étant de ne pas rester en marge des pays du monde à l’ère de la transition numérique et la révolution technologique.

Concernant le choix de Rabat, ville Lumière, capitale culturelle du Royaume, pour abriter les travaux du premier Forum des bibliothèques nationales du monde arabe, elle a estimé qu’il s’agit d’un choix judicieux à même de contribuer au succès de cette première édition, compte tenu, des personnalités de renom qui représentent plusieurs pays arabes et organisations régionales et internationales.

D’autre part, elle a mis en relief l’histoire de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM), qui abrite cette manifestation culturelle, notant que la BNRM est appelée à jouer un rôle pionnier en matière de numérisation des productions des bibliothèques tout en ayant recours aux techniques de l’IA.

Au programme de cette rencontre de deux jours, figurent des séances abordant « le rôle de l’IA dans le développement des services au sein des bibliothèques nationales », « la gestion du patrimoine manuscrit : richesse, diversité, contraintes de conservation et d’accès », et « les expériences des bibliothèques nationales arabes dans le domaine en matière d’IA ».

Propos recueillis par : Jihane Mourchid (MAP)