La trajectoire sinueuse de la plupart des femmes

Par Mme Soleil de la Voix

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La femme marocaine est libre dans sa jeunesse. Elle va à l’école, au Lycée et à l’université. Après ce parcours, réussi pour la majorité, elle devient magistrate, médecin, avocate, ingénieur ou autres. De même, elle pratique un sport et devient même championne. De même encore, elle exerce une activité culturelle, artistique, occupe un poste et évolue dans sa carrière.

Elle se sent épanouie, cherche la reconnaissance et se bat corps et âme pour réaliser ses rêves les plus fous. Mais, puis d’un coup, elle s’éteint net,  et n’est plus la femme ambitieuse en quête de nouvelles aventures, de nouvelles sensations. Ainsi, dès qu’elle se marie, elle se transforme surtout par la suite quand elle devient maman. Elle se fond dans l’autre et fusionne avec lui. Son identité se confond avec l’autre. Maman, elle renonce à elle. Elle s’oublie. Elle s’abandonne. Elle argue, qu’elle n’est plus libre, qu’elle n’est plus responsable uniquement d’elle-même.

La réalité est qu’elle incarnait un personnage qui n’était pas le sien, puisque, avant le mariage et les enfants, elle avait des idées révolutionnaires, elle dénonçait et critiquait les autres qui étaient mariés et avaient des enfants.

Ces femmes oublient leur passé et naissent à partir du moment où ils se marient ou ont des enfants. Pourquoi ce changement radical, extrême ? D’un état de liberté, d’épanouissement, de découverte, à un état de soumission à l’autre, à la famille de l’autre, à la société.

Le cercle d’amis d’antan change, disparaît et remplacé par le nouveau modèle, un modèle imposé par l’autre. La femme efface complètement son passé. Elle ne veut plus y penser, comme si cette période devait être oubliée à jamais. Je reviens à dire pourquoi ce changement de peau ?

S’agit-il d’une évolution ou d’une régression ou tout simplement d’un retour à un esprit enfoui, refoulé. L’éducation, dans certaines familles, tend à orienter implicitement ou même explicitement l’esprit de la fille, à garder toujours, malgré des études poussées, à ce que la fin, soit de fonder une famille, un foyer et avoir des enfants. « Tôt ou tard, tu te marieras », insinue-t-on.

Cette phrase induite dans les paroles, agissements, et actes poussent ses femmes inconsciemment à vouloir atteindre ces objectifs. Elles ont leur moment de résistance dans leur jeunesse. Elles cherchent à fuir une oppression familiale, trop pesante. Mais dès que l’autre se présente, la phrase enfouie rejaillit et prend forme. La femme, cherche à trouver dans l’autre, sa délivrance d’une situation ou tout simplement réaliser un idéal, un rêve de petite fille. Parfois et même souvent, elle cherche à oublier son passé.

Elle incarne un nouveau personnage, adopte une autre vie, renonce à ses rêves, renie ses souvenirs, amis pour se concentrer pleinement à sa nouvelle vie. Passée cette période de fusion avec l’autre, cette nouvelle responsabilité à l’égard des enfants, la femme réalise qu’elle n’est plus elle.

Elle devient un instrument utilisé par tous. Elle devient nostalgique d’une époque. Elle est aigrie, perdue. Elle se cherche à nouveau mais a du mal à se rappeler d’une époque où elle était  ambitieuse, insouciante, révoltée et surtout libre de penser et d’agir.