L’art de la médiocrité

Être médiocre est un art depuis que nous fabriquons des personnes capables de nuire à une société. Un médiocre est celui qui agit en toute conscience, ou pas, à vouloir arriver au pouvoir par son ignorance de soi. Il ignore qu’il est incompétent, sans valeur. Il croit qu’il est brillant, il ne doute nullement qu’il ne dispose d’aucune qualité cognitive sauf de vouloir être mieux qu’autrui. L’autre, surtout lorsqu’il est plus compétent que lui, constitue un danger pour sa personne, pour sa survie.

Être médiocre est un art car le médiocre développe des stratagèmes pour arriver à ses fins. Il ment, il triche, il invente. Son but ultime est d’arriver à ses fins non pas,  par le mérite mais par son réseau, un réseau à son image. Sa mission est de perdurer la race des médiocres, une race qui devient de par sa qualité d’être individualiste, matérialiste, opportuniste, celle qui nous gouverne.

Le médiocre est par essence dépourvu de valeurs et principes. Les seules valeurs auxquels ils adhérent est son intérêt personnel et celui de son entourage proche ou avec lequel il a les mêmes affinités,  celles de rendre service. Son leitmotiv est le profit. Un profit n’est pas nécessairement matériel. Il peut être en nature. Il applique à la lettre le principe donnant-donnant. Mais le médiocre a toujours besoin de reconnaissance. Il cherche à tout prix un poste de responsabilité pour se prouver qu’il est capable d’arriver au plus haut des sphères. Le malheur dans tout cela c’est qu’il y arrive, par tous les moyens et il y arrive. Le plus grave est qu’on l’applaudit,  qu’on l’adule, qu’on le respecte et surtout qu’on le craint.

 On le craint, car il est capable du pire, surtout de vous détruire, de vous écarter de son chemin, de vous empêcher de l’évincer.

Sa plus grande peur est de sortir de la lumière des projecteurs et de revenir dans les ténèbres de l’oubli et de l’ignorance.

Sa plus grande force est d’être capable de ne pas se remettre en cause. Il considère qu’il est parfait, sans défaut et surtout doté d’une grande intelligence. Il trace son chemin avec une grande assurance  et conviction. Il est capable d’arriver à ses fins.

Sa devise : «La fin justifie les moyens». La fin pour le médiocre est finalement d’être reconnue et surtout de prouver que les autres, qui sont différents, et meilleurs que lui sont incompétents, porteurs de valeurs qui ne servent finalement à rien.

Le médiocre a développé des techniques, donc un art, pour déstabiliser les autres, à les laisser douter d’eux, de leurs valeurs, de leurs compétences. Il a réussi à ébranler certains qui ont fui le secteur en allant ailleurs. D’autres résistent comme ils peuvent. Ils œuvrent pour qu’il n’y ait pas de contamination bien que le virus soit déjà très bien installé.

Les «différents» doivent se mobiliser pour développer à leur tour,  l’art de s’opposer au médiocre. Une mission  impossible, ou presque,  dans un monde dominé par le médiocre et la médiocrité.

Mme Soleil de la Voix