Les défis de la diplomatie parallèle

Par Docteur Majdouline Hassouni
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Résumé:
Dans ce monde qui change vite aujourd’hui, la compétitivité se fait globalement par la capacité de chaque pays à vendre son image sur le plan international. Cette image n’est pas un produit commercial, n’est pas un outil technique, elle est plutôt une démarche, c’est un processus de marketing politique.
Ce travail se fait en général de manière traditionnelle, ça veut dire par la diplomatie officielle, à travers ses canaux de représentation et ses interventions classiques en matière de relations internationales.
Or, aujourd’hui le rôle de cette diplomatie institutionnelle est appuyé par d’autres formes de diplomatie à savoir : la diplomatie parlementaire, la diplomatie de la société civile et la diplomatie territoriale. Ces trois formes de diplomatie contribuent chacune à sa manière et en fonction de ses qualifications, à la vente du pays sur le plan international, et travaillent dans le cadre de ce qu’on appelle la diplomatie parallèle.
La diplomatie parallèle est la manière la plus performante et efficace pour créer une sorte d’attractivité du pays, pour attirer les investissements, mais surtout pour susciter la sympathie de l’opinion publique internationale en ce qui concerne les questions nationales en suspens.
Cette communication reprendra succinctement les résultats d’une étude que nous avons réalisée au Maroc se fixant comme objectif de voir dans quelle mesure la diplomatie parallèle marocaine a réussi à promouvoir l’image du Maroc à l’échelle internationale, et à soutenir les questions politiques marocaines, en particulier le dossier du Sahara.
La présente communication présentera les éléments phares de la recherche menée, à savoir :
- La diplomatie parallèle et l’image du pays
- Les défis de la diplomatie parallèle marocaine à l’heure actuelle
- La communication de la diplomatie parallèle pour défendre le dossier du Sahara
Mots clés : Diplomatie parallèle ; Image du pays ; Communication ; Echelle internationale ; Opinion ; Acteurs ; Promouvoir ; Médias ; Société civile
La diplomatie parallèle marocaine et la promotion du pays
’’… Le Maroc, nation séculaire, possède de solides traditions diplomatiques, qui remontent à des lustres et qui obéissent à des déterminants bien définis et à des normes établies. Si, grâce à la compétence, au dévouement et aux efforts soutenus de ses cadres successifs, hommes et femmes, la diplomatie marocaine a accompli d’importantes réalisations, il n’en demeure pas moins qu’on devrait, comme Nous l’avons réaffirmé à maintes reprises, développer des diplomaties parlementaire, civile et locale agissantes, surtout au vu de la place que le parlement, la société civile et les collectivités territoriales occupent désormais dans la Constitution.Dans un monde où les parlements, les partis politiques, les organisations non gouvernementales, les médias et les acteurs académiques et culturels constituent d’importants pôles d’influence, les efforts officiels demeurent insuffisants à eux seuls. Nous incitons donc Nos Ambassadeurs à redoubler d’efforts en s’ouvrant davantage à ces nouveaux acteurs présents sur la scène extérieure et en encourageant ces derniers à se mettre en rapport avec leurs homologues au Maroc…’’Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la Conférence des Ambassadeurs :
30.08.2013
Au Maroc, les premières actions liées à la diplomatie parallèle ont débuté en 2003/2004. Aujourd’hui, notre article tentera de répondre à la question suivante : ‘’ Dans quelle mesure la diplomatie parallèle marocaine a-t-elle réussi à promouvoir l’image du Maroc à l’échelle internationale, et à soutenir les questions politiques marocaines, en particulier le dossier du Sahara ?’’
- Méthodologie de travail :
La diplomatie parallèle a fait ses premiers pas au Maroc. Elle prend différentes formes en fonction de la diversité des acteurs. Des actions dynamiques aux moyens certes limités, mais qui s’avèrent quand même de plus en plus importantes sur l’échiquier institutionnel national.
La diplomatie parallèle est la manière la plus performante et efficace pour créer une sorte d’attractivité du pays, pour attirer les investissements, mais surtout pour susciter la sympathie de l’opinion publique internationale en ce qui concerne les questions nationales en suspens.
Par ailleurs, la défense des défis nationaux et internationaux marocains a connu un rebondissement dangereux, face aux positions de la société civile et des médias internationaux. A partir de l’année 2013, un débat important a été ouvert par les acteurs de la diplomatie parallèle sur le rôle que doivent jouer partis politiques, syndicats, ONG, parlement et associations dans le soutien de la diplomatie officielle et pour une meilleure compréhension et promotion des questions marocaines à l’étranger.
Le dossier du Sahara Marocain a toujours été la préoccupation prioritaire de la diplomatie officielle, mais également de la diplomatie parallèle. De ce fait, le présent article traitera la question suivante : Dans quelle mesure la diplomatie parallèle marocaine a-t-elle réussi à promouvoir l’image du Maroc à l’échelle internationale, et à soutenir les questions politiques marocaines, en particulier le dossier du Sahara ?
Dans le cadre de cette recherche, nous avons posé l’hypothèse générale suivante :
La diplomatie parallèle marocaine ne joue pas un rôle important, ni dans la promotion de l’image du Maroc, ni dans la contribution aux efforts visant le règlement définitif de la question du Sahara marocain.
Questions et hypothèses de la recherche:
L’objectif de notre recherche, était de répondre à la problématique majeure de notre travail ; pour ce, nous avons essayé d’élaborer des questions et hypothèses de recherche, elles sont au nombre de quatre :
-Question 1 : Quelle est la forme de la diplomatie parallèle marocaine qui contribue davantage à la fabrication et à la défense de l’image du pays à l’échelle internationale ?
-hypothèse 1 : Les trois formes de la diplomatie parallèle (A savoir : la diplomatie parlementaire, la diplomatie de la société civile et la diplomatie territoriale) ne contribuent pas à promouvoir l’image du Maroc, mais nous supposons quand même que la diplomatie de la société civile est plus active au niveau de la promotion du pays.
–Question 2 : Quel est le principal défi actuel de la diplomatie parallèle marocaine ?
-hypothèse 2 : Nous pensons que le défi principal de la diplomatie parallèle marocaine est le soutien du dossier du Sahara : Défendre la proposition marocaine d’autonomie au Sahara.
-Question 3 : Existe-il des acteurs qui soutiennent plus efficacement le dossier du Sahara dans le cadre de la diplomatie parallèle ?
-hypothèse 3 : A ce niveau, nous pensons que ce sont les associations et les organisations non gouvernementales qui soutiennent davantage le dossier du Sahara
-Question 4 : Est-ce que les moyens de communication mis à la disposition des acteurs de la diplomatie parallèle sont suffisants pour promouvoir le Maroc en général, et défendre le dossier du Sahara en particulier ?
-Hypothèse 4 : Les acteurs de la diplomatie parallèle exploitent les différents moyens de communication mis à leur disposition, mais ces moyens demeurent insuffisants pour défendre la cause nationale.
L’enquête de terrain :
- Outils de collecte des données
A : Le questionnaire :
a. Le questionnaire :
Lorsque nous nous sommes lancée dans ce projet d’enquête, nous avons fixé comme objectif principal : Répondre à la problématique (Dans quelle mesure la diplomatie parallèle marocaine a-t-elle réussi à promouvoir l’image du Maroc à l’échelle internationale, et à soutenir les questions politiques marocaines, en particulier le dossier du Sahara ?). Dans le but d’infirmer ou de confirmer les hypothèses liées à notre problématique, nous avons opté pour la méthode du questionnaire.
Pour réussir cette démarche de recherche, nous avons pensé à formaliser le questionnaire, et à le faire approuver par toutes les personnes concernées par l’enquête, en clarifiant l’importance de la diplomatie parallèle marocaine pour promouvoir l’image du pays.
Nous avons essayé de rassurer les enquêtés, en procédant par la technique de l’ ‘’entonnoir’’, à savoir partir des questions plus ou moins générales (Celles qui traitent la diplomatie parallèle marocaine et l’image du pays) pour arriver aux questions particulières (En relation avec le dossier du Sahara marocain).
b. Le choix de l’échantillon :
La population mère de notre étude est constituée des Marocains et Etrangers ayant les profils suivants :
Etudiants, professeurs universitaires, acteurs politiques, acteurs associatifs, fonctionnaires et journalistes.
Nous avons publié le lien du questionnaire aléatoirement entre le 15.06.2013 et le 15.08.2013 sur Facebook sur les pages des groupes et associations suivantes :
-Groupe des journalistes marocains et du monde
-Groupe officiel des étudiants en sciences politiques
-Le groupe des démocrates marocains
-Association marocaine des droits de l’homme
-Pour une nouvelle classe politique
-La politique au Maroc
-Association internationale des étudiants du monde
-Association marocaine pour le développement et la diplomatie parallèle
-Réseau des étudiants français
-Marocains résidant à l’étranger contre le 20 février
-جميعا من أجل مغربية الصحراء
-Tous pour le Sahara Marocain
-Sahara will always be Moroccan
الصحراء المغربية تنادينا
-Groupe des étrangers au Maroc
-Algérie-Maroc : bâtissons la paix
Egalement nous avons envoyé le lien du questionnaire via Google docs à un nombre important de professeurs et politiciens Marocains et étrangers.
B. L’interview
Afin de mieux comprendre et analyser les résultats de notre enquête, nous avons tenu à réaliser des entretiens avec des spécialistes de la diplomatie parallèle marocaine.
Nous notons que dans le but d’expliquer et d’analyser objectivement les résultats de notre enquête, nous avons également collecté via internet des données quantitatives relatives à la DP marocaine, que nous retrouverons au niveau de l’analyse des données.
- Présentation des résultats
Notre enquête est constituée d’un échantillon de 220 questionnés des différentes disciplines, nous avons sectionné les résultats en trois parties selon notre schéma de questionnaire, il s’agit dans la première section, de présenter les données relatives à la diplomatie parallèle et l’image du Maroc. Dans la deuxième section, nous présenterons les résultats relatifs aux défis de la diplomatie parallèle marocaine à l’heure actuelle. Dans la troisième section, nous présenterons les données des questions sur la communication de la diplomatie parallèle pour défendre le dossier du Sahara.
Chaque axe est présenté et confronté avec les cinq variables indépendantes que nous avons fixées pour cette enquête :
- Genre
- Classe d’âge
- Lieu de résidence
- Nationalité
- Catégorie socioprofessionnelle
Le questionnaire est formé par des questions fermées et des questions à choix multiples d’un ensemble de 29 questions. La réalisation de l’enquête s’est déroulée par internet.
Notons que nous avons gardé uniquement les résultats significatifs après le croisement des variables, grâce au test khi2 qui détermine le degré de dépendance entre deux variables qualitatives non mesurables, c’est-à-dire non chiffrables. Cette présentation comprend les tableaux au niveau desquels on a pu déterminer des relations de dépendance significative pouvant exister entre les différentes variables.
La diplomatie parallèle et l’image du pays
- La diplomatie parlementaire:
S’agissant de savoir jusqu’à quelle limite la diplomatie parlementaire a servi l’image et les enjeux politiques du Maroc, notre étude montre que déjà 73.6% des enquêtés pensent qu’elle complète la Diplomatie Officielle (désormais DO), ce pourcentage nous montre d’emblée que cette forme de diplomatie est en bonne santé, ce qui s’oppose certes à l’ensemble des avis des spécialistes.
La diplomatie parlementaire marocaine fait l’objet de beaucoup de critiques : (La dépendance, le manque d’esprit d’initiative etc). En réponse à la question relative à la position de la DO envers la Diplomatie Parallèle (DP) -précisément si cette dernière est soumise à des règles et limites- nous avons pu remarquer à travers cette recherche que la majorité des réponses se situent au niveau de l’affirmation avec un pourcentage de 59.5%, contre 25.5% seulement qui pensent que cette diplomatie réagi indépendamment.
Egalement, nous avons constaté en ce qui concerne la liberté des parlementaires dans l’élaboration des actions liées à la diplomatie parlementaire, que 63.2% de la population enquêtée voit qu’ils sont partiellement libres. La tendance des réponses est donc négative.
En comparant les résultats relatifs aux deux rubriques précédentes : « position de la DO envers DP » et « liberté des parlementaires» croisées avec les variables « classe d’âge » et ‘’CSP’’ nous avons trouvé une piste de réflexion pour expliquer le rapprochement des résultats pour les deux questions.
Il semble que les étudiants, journalistes et acteurs associatifs dont l’âge est entre 18 et 34 ans, ont une vision plutôt négative de la position et de la liberté de la DP, cet indicateur nous permet de déduire que probablement ces cibles ont répondu aux questions avec neutralité, contrairement aux fonctionnaires, acteurs politiques et professeurs qui peut être se sentent impliqués dans le transnational.
Certes, les étrangers généralement ont une vision positive du Maroc quand il s’agit du paysage, gastronomie etc. Ce qui n’est pas toujours le cas pour les affaires politiques et sociales. Selon notre étude, les Etrangers comme les Marocains d’ailleurs, voient que la liberté des parlementaires est trop limitée dans le cadre de la DP. Toutefois, nous trouvons qu’il y a une différence entre les réponses des Marocains et celles des étrangers.
Ce que nous considérons comme résultat probant, c’est le pourcentage important des MRM qui pensent que nos parlementaires ne prennent jamais leurs décisions loin de toute pression ou orientation faites par la diplomatie officielle. Si nous revenons en arrière, nous trouvons que 36.4% des MRM sont des étudiants. Nous notons qu’une centaine d’étudiants avaient déclaré auparavant en Mai 2013, lors du forum national de la diplomatie parallèle, que l’impuissance de cette dernière est due essentiellement, à la faiblesse des acteurs de la diplomatie parlementaire, qui selon eux, devait défendre les causes nationales, à l’image de leurs homologues dans les pays de l’Europe occidentale.
Compte tenu de tout ce qui a précédé, nous pouvons dire que la diplomatie parlementaire marocaine souffre de plusieurs failles aussi internes qu’externes, ces failles ont des effets négatifs sur le rôle primordial qui lui est assigné : La défense des enjeux marocains, et la vente du pays à l’échelle internationale.
Certes, plusieurs actions sont entreprises par les députés et les conseillers dans le cadre de la diplomatie parlementaire, mais cet effort reste insuffisant et éparpillé. Les présidents des deux chambres multiplient les rencontres avec leurs homologues des autres pays dans le cadre des relations bilatérales. De même, quelques groupes parlementaires effectuent de temps à autre des missions à l’étranger pour rencontrer leurs homologues ou les représentants d’organismes internationaux. Mais ces démarches restent ponctuelles et ne s’inscrivent pas dans une vision globale.
L’absence de cette vision prospective peut s’expliquer, d’une part, par le manque de moyens et, d’autre part, par le manque des compétences nécessaires. Il va sans dire qu’entretenir des relations, organiser des voyages, des événements ou des rencontres, nécessite une logistique lourde, une bonne organisation et, par conséquent, des moyens financiers importants.
Selon nos résultats, et notre analyse, la diplomatie parlementaire, malgré les efforts que fournissent ses acteurs, reste incapable de promouvoir le Maroc et de défendre ses causes à l’international. Nous avons pu tirer les failles majeures dont souffre cette forme de diplomatie :
– L’absence d’une vision prospective des parlementaires dans le cadre de la diplomatie parallèle
– Le manque des moyens suffisants mis à disposition des parlementaires
– Le contrôle et la surveillance exercée par le ministère de tutelle (MAEC)
– La liberté des parlementaires est restrictive puisqu’ils sont toujours considérés comme acteurs transnationaux et non pas parallèles.
- Diplomatie de la société civile :
Compte tenu de la place que la société civile occupe désormais dans la scène politique et sociale marocaines, nous avons analysé des résultats relatifs à la société civile en tant qu’acteur de la diplomatie parallèle.
Comme c’est le cas pour la diplomatie parlementaire, le premier résultat qui a attiré notre attention, est le pourcentage élevé (58.1%) des jeunes ne dépassant pas 24 ans sur l’ensemble des enquêtés, qui pensent que la diplomatie civile ne complète pas la DO, ce pourcentage est relativement proche de celui des étudiants 48.4% qui sont du même avis.
Une telle attitude relève à notre avis de la fougue de la jeunesse. Les jeunes en général et les étudiants en particulier, boudent tout ce qui ne bouge pas! Ou tout ce qui ne bouge pas assez selon eux. Pour accentuer les réponses de notre étude en relation avec les jeunes, nous avons posé la question de la diplomatie civile d’une manière informelle – lors de plusieurs forums et séminaires autour de différentes thématiques- pour un nombre important d’étudiants pour avoir une idée de ce qu’ils pensent de ce concept relativement nouveau.. La majorité des jeunes voient que la diplomatie parallèle généralement, et la diplomatie civile particulièrement sont inactives et ne servent en aucun cas l’image et les enjeux du pays.
S’agissant des moyens de la société civile censés appuyer la diplomatie officielle, croisés avec la variable CSP, nous avons constaté que chaque catégorie a choisi des moyens, qui rentrent dans le domaine de sa spécialité. Nous supposons que cela s’explique par la volonté de chaque catégorie de se positionner d’une manière rentable dans la diplomatie de la société civile, mais également afin de promouvoir sa propre image auprès des citoyens.
Les activités des organisations non gouvernementales, et les activités associatives sont les moyens les plus sélectionnés par l’ensemble des enquêtés. D’emblée, cela se révèle logique car au Maroc nous avons à peu prés selon les dernières estimations jusqu’à 94000 ONGs. Nous notons que le nombre des ONG réellement actives, est environ 15000.
Par ailleurs, les think tank (laboratoires d’idées) occupent 2.7% dans notre classement, il est crucial de signaler que même les professeurs universitaires ont signalé ce moyen avec un pourcentage ne dépassant pas 7%.
Le lieu de résidence a influencé clairement la question liée à l’activation de la société civile, 72% des MRE pensent que l’action de la S.C est continue, et ne s’active pas à la demande. Ce pourcentage n’est pas arbitraire, nous supposons qu’il existe une ou des raisons impérieuses derrière :
Tout au long de nos recherches via internet, et aussi à travers notre présence sur le réseau social Facebook, nous avons constaté que les MRE organisent plusieurs activités parallèles, dans le but de faire de la publicité pour leur pays d’origine.
Il est essentiel de noter qu’au niveau de la qualification de la diplomatie parallèle, ce sont les acteurs associatifs (CSP), et les MRE (Lieu de résidence) qui ont qualifié la DP de satisfaisante avec un pourcentage important de 35.5%.
D’après tout ce qui a précédé, et en nous basant sur les résultats de notre étude, et aussi sur l’observation, nous pouvons conclure que le Maroc dispose d’une société civile active, aussi bien au niveau international que national. Nous félicitions à cet égard nos Marocains résidant à l’étrangers qui ont contribué et de manière très significative au rayonnement du Maroc dans les domaines social, économique et politique.
Toutefois, nous pensons quand même qu’il y a des efforts à fournir par les acteurs de la société civile, afin d’élargir son champ d’action.
Nous pouvons dire à cette étape – et les résultats le confirment- que les acteurs de la diplomatie civile, malgré les difficultés dont ils souffrent, restent les plus actifs en ce qui concerne la promotion de l’image du pays.
- Diplomatie territoriale :
A présent, nous mesurons l’importance de la diplomatie territoriale, l’ouverture de la région étant considérée comme un enjeu stratégique de développement.
Cette diplomatie regroupe l’ensemble des actions de coopération internationale menées par convention par les collectivités territoriales. Ces actions peuvent prendre des formes diverses comme les jumelages, les «jumelages-coopération», les programmes ou projets de développement, les échanges techniques et les actions de promotion économique etc.
Notre choix d’étudier la diplomatie territoriale en tant que forme de diplomatie parallèle, s’explique par la place qu’occupe ces dernières années la région, cette dernière qui devient désormais une force de proposition, dans le cadre de la régionalisation élargie.
Ce qui est pertinent dans notre recherche, c’est que contrairement à la diplomatie parlementaire et civile, les résultats relatifs à la diplomatie parlementaire n’ont pas été influencés par les variables indépendantes que nous avons choisies pour notre enquête. Nous avons pu retenir seulement deux grands résultats, dont les pourcentages ne sont pas probants.
Nous signalons, qu’au niveau de notre recherche, nous n’avons trouvé que peu d’activités médiatisées pendant l’année 2013 dans le cadre de la diplomatie territoriale. Cependant nous sommes au courant -à travers des canaux personnels- que les collectivités locales, notamment les élus locaux, les autorités locales et les maires des villes, lient des relations extérieures avec plusieurs pays, à travers les jumelages coopération et les programmes de développement.
En outre, nous considérons que l’hypothèse dominante – et qui explique le non émergence de cette forme de diplomatie en tant qu’acteur faisant partie de la DP – est que le concept de la diplomatie des collectivités locales n’est pas tellement développé au Maroc, et du coup les acteurs de la DT réalisent des activités, sans qu’ils aient le souci de chercher à les médiatiser, car ces actions devraient faire partie des missions attachées à leurs postes.
Les défis de la diplomatie parallèle à l’heure actuelle.
- La diplomatie parallèle marocaine à l’échelle internationale.
La diplomatie parallèle marocaine est appelée à faire connaître notre pays et à mettre en valeur ses progrès dans les espaces d’appartenance, de voisinage et de partenariat, tant au niveau bilatéral que régional et multilatéral.
Lors de notre analyse du premier axe de notre recherche, nous avons pu déduire que la diplomatie parallèle marocaine est plutôt active dans le volet conduit par la société civile, et bien évidemment les MRE, cela laisse entendre, que ces derniers devraient favoriser le rôle joué sur le plan international de la DP. Les résultats très significatifs relatifs à la dynamisation de la DP confirment cette idée, et avec une marge d’erreur de 0.1%: 68% des MRE ont répondu que la DP est plus dynamique sur le plan international.
En ce qui concerne la focalisation des affaires étrangères dans le cadre des actions menées par la DP, nous réalisons que la majorité de nos enquêtés pense que ces relations sont hautement concentrées aves les grandes puissances mondiales, cette idée est présente aussi bien chez les hommes 73.2%, que chez les femmes 53.8%. Nous n’arrivons pas à ce stade à trouver une explication logique à ces pourcentages influencés par la variable ‘’genre’’, avec l’analyse de la DP à l’échelle internationale.
Par ailleurs, notre analyse démontre à travers les réponses des enquêtés selon leur lieu de résidence, que les relations de la DP marocaine sont focalisées avec les pays avec qui le Maroc a des relations historiques (France, Espagne…). C’est une vision commune entre les Marocains et les Etrangers. Nous pensons que la défense des intérêts stratégiques communs que le royaume a avec ces pays, est le stimulant de la diplomatie marocaine que ce soit parallèle ou officielle.
Sur la base de ce qui a précédé, nous concluons que les relations extérieures de la DP marocaine sont relativement dynamiques, et ce grâce essentiellement aux MRE, mais nous nous interrogeons sur l’efficacité de ce mouvement en termes de défense des questions nationales en général, et celles relatives au dossier du Sahara en particulier.
- Le principal défi de la diplomatie parallèle marocaine
Nous avons découvert à travers quelques discussions avec des gens actifs dans la DP, qu’il est évident pour eux que le dossier du Sahara soit le défi principal de la diplomatie parallèle sous toutes ses formes. Cette opinion est appuyée par les pourcentages présentés au niveau du tri à plat de nos résultats, 65.9% des enquêtés estiment que la défense de l’intégrité territoriale est le principal défi de la DP à l’heure actuelle. Certes nous ne pouvons qu’être du même avis, sauf que nous nous demandons quand même, que si 34.1% de la population objet de notre étude, a privilégié d’autres défis, c’est que probablement il y a de bonnes raisons derrière !?
Commençons par le renforcement de la démocratie qui a occupé 18.6% des réponses, nous pensons que ce défi qui ne rentre pas dans un cadre spatio-temporel précis, devient de plus en plus un dessein souhaité pour la population marocaine, cela reflète l’importance de la démocratie chez le citoyen marocain et étranger aussi.
La coopération dans le secteur économique figure également comme défi important de la DP marocaine, nous expliquons cet aspect essentiellement, par la volonté de maintenir les gains réalisés par le Maroc dans ce domaine, nous citons notamment les bonnes relations du Maroc avec l’Union européenne, et pour cause l’UE est le premier partenaire économique du Royaume et les enjeux liés à ce partenariat sont légion et touchent désormais à plusieurs secteurs : statut avancé, pêche, agriculture, accord de libre-échange.
Revenons maintenant à la défense de l’intégrité territoriale, qui est le sujet le plus médiatisé au Maroc, et le plus traité par l’ensemble des intervenants de la diplomatie marocaine. Nous signalons qu’au niveau du portail national du Maroc, nous avons trouvé un dossier qui contient plus de 250 articles qui traitent la question du Sahara Marocain, et ce pour une période d’une année, ce dossier est disponible en cinq langues: Arabe, Amazigh, Français, Anglais et Espagnol. Ce nombre d’articles importants traitant de la même thématique démontre l’importance de l’affaire du Sahara. Egalement la plupart des discours royaux soulignent l’importance qu’occupe le dossier du Sahara chez tous les Marocains, et ce depuis des décennies.
De plus, lors de notre question à des acteurs de la DP, si le soutien de la proposition marocaine d’autonomie, constitue leur premier champ d’action, ils ont mentionné que malgré la diversité des missions de la DP, l’intégrité territoriale reste la première cause qui devraient être défendues par chaque Marocain.
La communication de la diplomatie parallèle pour défendre le dossier du Sahara
- Les acteurs de la diplomatie parallèle et le dossier du Sahara
Le dossier du Sahara, comme nous l’avons confirmé, est le principal défi de tout Marocain, mais nous nous demandons -par curiosité de chercheur- si des acteurs de la DP soutiennent concrètement, plus que d’autres, le dossier du Sahara.
D’emblée, nous avons constaté d’après le tri à plat que ce sont les associations 42.7%, et les ONG 55.9% qui soutiennent davantage le dossier du Sahara, mais nous avons un élément important qui met en doute la fiabilité de ce résultat : En ce qui concerne cette question, le Chi2 n’a retenu aucun tableau significatif, cela veut dire que cette question n’a influencé aucune variable dépendante.
Comme ce n’est pas le cas, le tri à plat demeure insuffisant pour nous communiquer les acteurs les plus actifs pour défendre le dossier du Sahara, surtout que nous avons constaté d’après nos différentes lectures, que plusieurs spécialistes de la politique au Maroc reprochent aux parlementaires le fait qu’ils se soucient seulement de la question du Sahara, en négligeant d’autres questions nationales importantes. Cela permet de maintenir l’incertitude à l’égard des acteurs de la DP en relation avec l’affaire du Sahara.
- Les moyens de communication de la diplomatie parallèle
De nos jours, les conflits politiques et régionaux se gagnent tout d’abord à l’échelle médiatique, les médias deviennent de plus en plus considérés comme facteur de pouvoir. Nous nous demandons alors si les moyens de communication mis à disposition de la DP sont suffisants et rentables pour bien défendre la cause nationale.
Afin d’avoir une idée sur les moyens communicationnels qui servent plus l’affaire du Sahara selon nos enquêtés, nous avons proposé au niveau de la rédaction de notre questionnaire des outils répartis comme suit :
- Moyens de communication direct : Congrès, rencontres, think tank
- Moyens de communication de masse : Débats publiques, Débats télévisés, Blogs, Réseaux sociaux.
Contrairement à ce que nous avons prévu, les congrès et les rencontres multilatérales viennent en tête des réponses, l’ensemble de nos enquêtés voient qu’à travers ces moyens, le dossier du Sahara est soutenu davantage. Nous remarquons que le rôle des débats télévisés est relativement marginalisé selon nos enquêtés.
Nous pensons que le manque de choix des débats télévisés est principalement dû à la saisonnalité de ces débats en ce qui concerne le traitement du dossier du Sahara, ces débats coïncident souvent avec des événements nationaux comme la fête de l’indépendance et la marche verte, ou bien évidemment lors des périodes de crise, exemple : la proposition américaine tendant à l’élargissement du mandat de la MINURSO ou à la mise en place d’un mécanisme international alternatif de surveillance des droits de l’Homme dans les provinces du Sud en avril 2013.
Aussi nous avons remarqué d’après notre suivi des débats politiques sur les chaînes nationales, que ces dernières accueillent souvent des invités (Débatteurs) actifs dans le transnational, ou appartenant à des institutions officielles, ce qui affaiblit le rôle des acteurs parallèles.
Il nous semble donc que la stratégie médiatique (Télévision) pour le soutien de l’intégrité territoriale est une stratégie occasionnelle qui ne s’inscrit pas dans la continuité. De plus nous pensons que les médias marocains se contentent seulement de suivre les nouveautés en liaison avec le dossier du Sahara, sans toutefois faire preuve d’un esprit d’analyse rationnelle pouvant influencer l’opinion publique nationale, ainsi qu’internationale.
Les nouveaux outils de communication sont devenus incontournables dans la vie politique et sociale, ils sont même un excellent moyen d’influencer l’opinion publique. Malgré l’importance de ces nouveaux moyens, nous avons constaté que les réseaux sociaux sont également choisis avec un pourcentage qui n’est pas assez élevé 12.5%. Ce pourcentage s’explique par la faible présence du dossier du Sahara sur les réseaux sociaux. Par exemple sur Facebook, seule une dizaine de pages qui ne sont pas toutes actives s’intéressent et défendent -à travers des publications et messages- le dossier du Sahara marocain.
S’agissant de mesurer la satisfaction de nos enquêtés en ce qui concerne l’efficacité de la communication des acteurs de la DP, les résultats nous ont révélé que 10.9% ont déclaré n’avoir aucune idée ‘’je ne sais pas’’ contre 54% qui pensent que cette communication n’est pas efficace et ne sert pas le dossier du Sahara.
Selon les résultats de l’enquête, nous pouvons retenir trois points essentiels :
- Le suivi des stratégies de la communication politique rend la communication des acteurs de la diplomatie parallèle plus efficace.
- L’ensemble de nos enquêtés sont conscients de l’importance des stratégies de la communication politique pour régler les conflits notamment le dossier du Sahara Marocain.
- L’ensemble de nos enquêtés trouvent que les adversaires de la marocanité du Sahara, déploient assez d’efforts en matière de la diplomatie parallèle, ce qui explique dans une large mesure l’insatisfaction vis-à-vis des actions des acteurs parallèles marocains.
Synthèse:
- Notre première question de recherche se rapporte à la forme de la diplomatie parallèle marocaine qui contribue davantage à la fabrication et à la défense de l’image du pays à l’échelle internationale. Une question pour laquelle nous avons formulé une hypothèse disant que les trois formes de la DP (parlementaire, territoriale et société civile) ne contribuent pas à la promotion de l’image du pays, toutefois nous avons supposé que la diplomatie de la société civile joue un rôle plus ou moins actif en ce qui concerne la promotion du Maroc, par rapport à la diplomatie parlementaire et territoriale.
Cette hypothèse est vraie, car les résultats de notre enquête, ont montré que :
– La diplomatie parallèle au Maroc est insatisfaisante voire peu satisfaisante.
– La diplomatie parlementaire souffre de plusieurs déficiences
– La diplomatie territoriale ne joue pas le rôle qui lui est attribué dans le cadre da la diplomatie parallèle.
– La société civile marocaine joue un rôle important dans la promotion du pays, aussi bien au niveau international que national, cette promotion est assurée plus efficacement par les MRE.
- A la question de savoir quel est le principal défi de la diplomatie parallèle à l’heure actuelle, nous avons pensé que la défense de l’intégrité territoriale (Le soutien du dossier du Sahara marocain) est la priorité des acteurs de la diplomatie parallèle.
Effectivement, notre recherche a démontré que malgré l’intérêt porté par les acteurs de la diplomatie parallèle aux dossiers d’ordres économiques et sociaux, le soutien du projet marocain d’autonomie demeure l’enjeu principal de la diplomatie parallèle.
Les différents acteurs considèrent que la proposition marocaine est l’unique solution et l’option la plus appropriée pour mettre un terme au conflit autour du Sahara marocain.
- Notre troisième question de recherche s’intéresse aux acteurs parallèles vis-à-vis du dossier du Sahara, nous nous sommes demandée si des acteurs soutiennent davantage le dossier du Sahara. En réponse à cette question nous avons supposé que ce sont les ONG et les associations qui mènent des actions importantes afin de soutenir la première cause nationale. Les résultats de notre recherche nous ont révélé que le rôle de ces deux acteurs est certes crucial, néanmoins, nous ne pouvons pas conclure qu’ils s’intéressent ou défendent plus que d’autres acteurs le dossier du Sahara. Notre hypothèse pour cette question est donc nuancée.
- Le quatrième et dernier axe de notre recherche a porté sur la communication de la diplomatie parallèle pour défendre le dossier du Sahara. Nous avons jugé que les acteurs de la diplomatie parallèle exploitent les différents moyens de communication mis à leur disposition, mais ces moyens demeurent insuffisants pour défendre la cause nationale. Cette hypothèse est vraie car les résultats de notre enquête ont bel et bien confirmé l’inefficacité et l’insuffisance des différents moyens de communication vis-à-vis du dossier du Sahara.
A ce stade nous validons notre hypothèse générale de ce modeste travail : A travers plusieurs aspects que nous avons traités tout au long de notre travail, nous pouvons dire que la diplomatie parallèle marocaine quoiqu’elle s’active de plus en plus, et malgré les efforts fournis, n’accomplit toujours pas le rôle qui lui est confié : promouvoir le pays et défendre ses causes nationales. Il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs, le nombre des activités réalisées dans le cadre de la DP reste insuffisant par rapport aux ambitions affichées.
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