Le plaisir de la table et au-delà : Mâcher, doucement et sûrement !

Par Mme Soleil de la Voix
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Les gens d’antan disaient qu’il fallait bien mâcher les aliments. Ils se réunissaient autour d’une table pour partager l’assiette et prenait du plaisir d’écouter le silence tout au long du repas.
A cette époque «les petits» mangeaient avant ou à part des «grands». Chacun devait jouer un rôle bien précis : celui du père qui ramenait l’argent à la maison et celui de l’enfant, garçon ou fille, qui devait écouter sagement, ou pas du tout, ce que dictaient les aînés. Manger devait être un plaisir et surtout un plaisir partagé avec ceux qu’on aime.
Les gens d’aujourd’hui ont tendance à manger vite, manger devient pour certains un déplaisir, une souffrance… pour d’autres une corvée, il faut en finir au plus vite pour passer à autres choses ! Pourquoi cette vitesse dans la consommation de l’alimentation ?
Pourquoi avons-nous perdu de conscientiser ces simples gestes, à ce qu’on ingurgite, à ce qu’on apprécie le goût des choses, de sentir leur saveur, les épices qui les enveloppent. Couper ou découper chaque morceau de l’aliment doit constituer un plaisir en soi. Introduire ces petites bouchées par la bouche doit être un instant de délectation, et non de délivrance.
Mâcher doucement permet d’apprécier chaque miette imbibée de salive qui passe par la gorge en prenant le chemin de l’œsophage et atterrit dans l’estomac ou elle va rester un laps de temps.
Ensuite, cette bouchée se dirige vers l’intestin grêle, puis dans le gros intestin.
Durant ce long voyage qui peut durer plus de 24 heures, le corps va pouvoir prélever toutes les bienfaits et rejeter tous les déchets nuisibles au corps.
La clé de tous ce processus est le mâchage. Mâcher permet de broyer finement et délicatement les aliments. C’est avec l’aide incontournable de la salive que l’aliment peut être facilement assimilé.
Or, mâcher doucement, mastiquer délicatement reste notre grand défi du siècle. Combien de fois avons-nous fini un repas en moins de dix minutes causant pour plusieurs un désagrément récurrent.
Apprécier un repas pour plusieurs est donné à tous ceux qui apprécient la table, les réunions ou les nostalgiques d’une période révolue.
Un repas express révèle une fuite déclarée pour éviter de prendre le temps pour soi.
Être absent lors du processus de mâchage signifie clairement que nous sommes ailleurs, anticipant sur une réunion en entreprise, ou pensant à récupérer les enfants à l’école, se préparant pour aller à une administration.
Le corps est présent mais l’esprit est ailleurs empêchant ainsi de vivre le moment présent.
Alors que le simple acte de mâcher, en toute conscience surtout peut devenir un lieu de rencontre et surtout de réconciliation avec soi à travers l’éveil des sens.
Prendre le temps de s’écouter un instant, savourer les délices de la vie et ne penser à rien sauf au moment d’être un avec soi.
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